Se fixer des objectifs réalistes et atteignables est primordial pour l’épanouissement dans votre pratique. Rare sont les athlètes qui se fixent des objectifs trop bas, par contre l’enthousiasme et les rêves amènent parfois à s’en fixer de trop ambitieux. Dans ce cas, vous irez de désillusions en désillusions et le plaisir à pratiquer votre sport fétiche en pâtira. 


Si vous êtes coachés, alors votre entraîneur est là pour vous aider à définir cet ou ces objectif(s). Il est le plus à même de vous mettre face à la réalité par une connaissance fine de notre sport et il aura le recul nécessaire pour savoir quelle marge de progression peut être envisagée (en prenant tous les éléments en compte : passif, contraintes extra sportives, etc…)

L’exercice n’est pas si simple puisque le triathlon est tout sauf un sport « à chrono ». Si vos objectifs sont uniquement axés sur des temps (ou des vitesses), vous avez de fortes chances de passer à côté par manque de précision et de lucidité vis-à-vis de ce que vous vous êtes fixé. En effet, nous pratiquons un sport « au grand air » et les conditions de course peuvent être très variables d’une année sur l’autre sur une même course. Encore pire, la comparaison entre deux courses de format identique mais sur des lieux différents est très compliquée.
Exemple typique d’imprécision qui mènera certainement à un « échec » : J’ai réalisé 10h25 à l’IM de Vichy en Août, je veux faire moins de 10h sur IM à Lanzarote en Mai cette année…

Pour tenter de vous éveiller aux différents facteurs qui vont entrer en jeu dans un « chrono » sur Half ou sur Ironman, voici une liste (non exhaustive) de quelques paramètres qui vont fortement influencer le temps final. (L’article est découpé par sport mais bien entendu une prise en compte globale de la discipline est nécessaire pour réussir vos objectifs, le triathlon n’est pas l’addition d’une performance en natation en cyclisme et en course à pied le même jour mais bien un savant dosage de l’effort dans ces trois sports enchainés)   

objectifs

  • NATATION: La natation en piscine est le sport par excellence qui ne souffre d’aucune contestation, c’est LE sport à « chronos » par excellence, c’est une toute autre affaire lorsqu’on pratique ce sport en « eau libre ».

    > Les distances sont loin d’être strictement respectées sur toutes les épreuves, le placement des bouées via des systèmes de GPS rend la tâche assez peu précise au final.
    > Les outils (Garmin, Polar etc.) actuellement disponibles sur le marché souffrent d’une trop grosse marge d’erreur sur la mesure des distances pour être une valeur sûre.
    > Combinaison néoprène ou pas combinaison néoprène…  eau salée ou eau douce … ces éléments auront une influence sur la portance dans l’eau et par ce biais sur votre vitesse de déplacement.
    > Les courants, le clapot, la houle, la température de l’eau auront également une influence.

    En natation si vous voulez mesurer vos progrès d’une année sur l’autre, préférez un repère d’écart sur la tête de course PRO
     (en vérifiant au préalable qu’ils n’ont pas nagé sans combi, et vous « avec », étant donné que la réglementation est maintenant différente !) qui sera plus représentatif de vos progrès plutôt qu’un temps brut. (Avec la densité actuelle dans la discipline, le niveau de la tête de course en natation ne fluctue pas énormément sauf cas exceptionnel, ce qui pourra vous être signalé le jour de votre performance par votre coach) 

    Exemple d’objectif : Il y a deux ans je sortais à 15min de la tête sur Ironman, cette année je suis sorti à 12min, j’aimerais sortir à 10min cette saison (sans sortir trop entamé pour la suite de la journée !)
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  • CYCLISME :C’est une discipline dans laquelle encore beaucoup de triathlètes se basent sur les vitesses pour analyser des performances. Comme pour la natation les distances sont rarement exactes (que ce soit la distance totale ou même pire parfois, les distances des splits sur les tracking !). 

    > Actuellement, (sauf nouveaux parcours pas encore tracés) les distances sur les courses se trouvent très facilement sur le net.Le dénivelé, le vent (direction et intensité), la technicité du parcours, le revêtement, la température, l’humidité, vont influencer votre vitesse de déplacement.
    > Mais aussi votre vélo, votre position, le placement de vos bidons, le choix de votre casque, de votre tenue, le gonflage de vos boyaux, la qualité de vos roulements, etc… tous ces petits gains marginaux qui mis, bout à bout, vont vous faire gagner de précieuses minutes au final sur 180km.
    > Votre situation en course va aussi jouer un rôle, la réglementation sur le drafting impose en GA maintenant 10m d’écart entre deux concurrents, il faut savoir qu’à cette distance et selon votre vitesse / orientation du vent / gabarit du concurrent devant / nombre de concurrents devant, vous gagnerez en vitesse à puissance équivalente (ou irez à la même vitesse avec une puissance moindre).

    En cyclisme, le niveau du meilleur rouleur du jour est lui beaucoup plus aléatoire, et le seul repère fiable que vous pouvez avoir pour mesurer une progression d’une course à l’autre vient de l’analyse de vos données de puissance (sans cet outil, une analyse par extrapolation peut être faite par votre coach mais sera forcément moins précise) avec un capteur fiable bien entendu (ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas avec les modèles actuellement présents sur le marché). 

    Exemple d’objectif : Il y a deux ans j’ai roulé à 200AP/ 210NP sur l’Ironman de Floride, J’ai roulé à 215 AP/230NP l’an passé à l’IM de Lanzarote (pour 40min de temps passé sur le vélo en plus) mais j’ai explosé sur mon marathon, j’aimerais rouler cette année autour de 215AP/225NP à l’IM Vichy cette saison mais en réalisant un beau marathon cette fois-ci (comme en Floride en 2013 !).
     

 

COURSE A PIED : Comme la natation la course à pied est un sport à chrono avec un système de labélisation FFA bien connu qui permet de comparer des performances assez facilement (même si c’est un peu moins précis qu’en natation). En triathlon, là encore, le repère de vitesse n’est pas un repère fiable.
  
> La course à pied est le sport dans lequel on souffre le plus des conditions climatiques, la chaleur, mais aussi l’humidité vont jouer un grand rôle dans le coût énergétique de votre déplacement et impacter fortement votre vitesse de déplacement.
> Le dénivelé va jouer également (tous les parcours ne sont pas « plats comme la main ! »), le revêtement également (même si, très souvent, c’est sur bitume)
> Je cite ici les éléments extérieurs que vous ne maitrisez pas mais bien entendu la gestion de votre vélo et de votre alimentation/ hydratation va impacter énormément votre performance en càp !
> Sachez encore que les GPS sont moins fiables en càp qu’en cyclisme (vitesse de déplacement inférieure), Ils surestiment très souvent la distance autour de 1% (très souvent ça donne 10,1km sur un 10km FFA, 21,3 sur un semi ou encore 42,6 sur un marathon, le problème ne vient pas de la mesure FFA mais bien de votre GPS !).

En course à pied, encore une fois, ce sera plus compliqué de se comparer aux meilleurs temps du jour étant donné les possibles différences de niveaux mais la tendance globale permettra quand même de vous donner une idée (exemple extrême récent : 3h08 au marathon en Malaysie pour la gagne). Réussir à se détacher de la simple vitesse dans cette discipline n’est pas chose aisée (psychologiquement !) mais c’est une piste intéressante pour aller chercher une perf finale ! 

Exemple d’objectif : J’ai craqué l’an passé au 25ème km sur le marathon de l’IM Nice, je voudrais réussir à tenir dans mes fourchettes de pacing cardio et de cadences définies ensemble le plus longtemps possible (idéalement jusqu’au bout !) en étant plus attentif sur alim/ hydratation et gestion du pacing en vélo cette année.
   


CONCLUSION : Comme vous pouvez le constater, il est très difficile de comparer des performances sur des mêmes formats de courses d’un lieu à l’autre.
En tous les cas, cela ne peut pas être fait en comparant de simples chronos ou de simples vitesses. Vous devez passer par d’autres critères pour vous fixer des objectifs. 

Si vous souhaitez casser des « barrières » (moins de 10h sur IM par exemple), choisissez des courses réputées comme rapides ! 

Une place au scratch sur des courses d’une densité assez similaire d’une année à l’autre peuvent être aussi un objectif final (exemple typique : Hawaii, LA course par excellence, où le chrono d’une année sur l’autre, selon les conditions, est fortement impacté et une place au scratch bien plus révélatrice de votre niveau de performance). 

Posez-vous la question de ce qui vous motive profondément, la motivation est le moteur central dans la réalisation d’un projet (et pas que sportif). 
Mais dans tous les cas, soyez réaliste si vous ne voulez pas perdre le plaisir de pratiquer ce beau sport qu’est le triathlon !