Je partage un échange d'il y a quelques saisons avec un athlète qui peut tous vous intéresser.
Je vous balance ma réponse telle quelle, pas un article très structuré, mais de quoi survoler le sujet et comprendre rapidement pourquoi vous pouvez continuer de progresser avec les années sans augmenter en permanence votre volume d'entrainement (et même parfois en le diminuant...)
(attention à ne pas lire entre les lignes je n'ai pas dit que le volume n'étais pas important pour perfer :) )
Partie du mail de l'athlète en question juste avant Vichy sur son IM de ce week end
"Pour ma part...mon job d'analyste m'a poussé à regarder un peu les chiffres de la prépa 2017 et pour être honnête j'espère que l'expérience va compenser les 35h qui me manquent sur la selle vs. 2016 ! :) "
Réponse du jour :
"tu ne repars pas à zéro après une coupure, et plus les années se cumulent plus c'est vrai,
le year-to-date (i.e. comme il le pratique dans son job d'analyste financier) à l'entrainement ça voudrait dire que tout ce qui a eu lieu avant un an au moment où tu t’entraînes ou tu fais une course n'existe plus
Je ne connais pas assez ton taff d'analyste financier pour pouvoir faire des parallèles, mais en ce qui concerne triathloner, c'est un apprentissage psychomoteur humain,
et ça s'instaure dans le temps,
avec notamment le cout énergétique avec les circuits neuronaux (neurones moteurs qui activent les différentes contractions musculaires à l'effort) qui se mettent en place avec les années et deviennent de plus en plus efficients, l'étude la plus populaire là dessus (autour du coût énergétique comme facteur de performance en sport d'endurance) est celle de Paula Radcliff qui a fait ses 2h15 sur marathon l'année ou elle avait la plus petite VO2max de sa carrière (VO2 max qui est donc loin de tout faire)
tu demandes des sollicitations à ton corps, il y a des adaptations (métaboliques, enzymatiques, structurelles...) centrales et locales, mais il y a aussi derrière un schéma moteur qui se met en place et qui devient de plus en plus efficient,
tu es plus économe, tu vas vite plus longtemps, c'est ce qu'on cherche sur IM ;) (et sur les autres distances en tri aussi...) Des exemples là dessus j'en ai à la pelle.
Le dernier en date c'est Raphael qui progresse d'année en année depuis 2013, il vient de claquer sa meilleure perf sur IM all time avec le plus petit volume d'entrainement glissant de la dernière année et même des 3 derniers mois ...
exemple personnel : en natation j'ai nagé énormément pendant 5 ans de 14 à 19 ans, et pour avoir mon top niveau en nata, j'ai besoin de nager actuellement 2 fois moins que je le faisais à l'époque..
les exemples à haut niveau de gars qui voulaient arrêter leur carrière parce qu'ils en avaient marre des gros volumes et voulait profiter de leur famille sont nombreux, tu en as deux actuellement très connus : Craig alexander et Camreon Brown...
Tu rajoutes à ça la fatigue centrale, liée aux extérieurs, pour pondérer le tout,
le psycho aussi... l'environnement...
ça fait un paquet de facteurs autour de la perf, et le mix volume/intensité est TRES loin de quantifier ta future perf (d'ailleurs toutes les tentatives de quantification pour prédire les perfs sont très moyenne, actuellement là dessus le plus "poussé" c'est training peaks, mais quand tu vois le modèle au final il est simplifié pour modéliser un humain à l'effort avec l'impact de l'environnement au sens large du terme, ça te fait des beaux schémas et des belles stats mais ça fonctionne mal pour prédire une perf...)
dans l'apprentissage on parle souvent de 10 ans ou 10 000 heures pour maîtriser son art (triathloner c'est un art, même si en France quand on parle de sport et d'art ça n'est pas souvent compris), vu que tu fais pas 1000 heures par an, faut parler sur les 10 000 heures, t'as encore LARGEMENT de quoi progresser tu es un novice en triathlon encore, mais tu apprends au fur et à mesure des années et des courses,
là tu es reposé tu rentres de vacs, ce n'est pas ton premier IM, tu développes petit à petit plein d'habiletés (sur le pacing, sur la nut, sur le ressenti en course, sur l'avant course aussi) donc fait toi confiance et prends la course comme elle vient sans te projeter en permanence le jour J, vis l'instant présent, et prépare toi à surmonter les moments durs et à bien gérer les moments d’euphorie parce qu’il y en aura"