Bonjour Yvan, alias La Jarre, il y a quelques jours tu apprenais ta qualification pour les mondes 70.3 2017 en PRO qui auront lieu à Chattanooga cette année... Racontes-nous rapidement, pour ceux qui ne connaissent pas trop, comment on obtient ce "slot" en PRO

 

En gros soit t’es une machine, soit faut réfléchir, avoir deux trois notions d’anglais et prendre le temps de lire ça :

http://eu.ironman.com/triathlon/organizations/pro-membership/qualifying/70.3-qualifying.aspx#axzz4mkIzggGE

 

Mais pour faire simple, les 50 premiers du classement sont qualifiés aux meilleurs de 5 courses sur une période de un an allant de début juillet à fin juin.

 

Je me souviens de la fin de l'année 2013, je t'ai croisé à la coupe de France des clubs, tu venais de finir 5ème de ton premier HIM en PRO au Luxembourg, après une carrière sur courte distance. Cette performance m'avait tout bonnement impressionné du haut de tes 24 ans de l'époque. Quelques semaines plus tard, on se croisait à Miami, et là tu claquais pour ton 2eme half en PRO une des plus belles performances française sur HIM avec un joli 3h48, une belle 6ème place à un peu plus de 5min d'un certain Terrenzo Bozonne... Quelques mois plus tard, nous commencions notre collaboration, j'étais pour ma part à la fois excité par le challenge et pas forcément à l'aise sur l'idée de coacher un gars de ton calibre... Raconte nous rapidement les quelques péripéties sportives qui se sont déroulées entre ces premières performances prometteuses et cette qualification enfin obtenue.

 

Ah oui on peut dire que j’ai obtenu des résultats auxquels je ne m’attendais pas et j’ai presque cru que ça allait être facile. Mais 4 mois après Miami, je me pulvérise la clavicule sur une chute à vélo… S’en suit une guérison assez compliquée, une situation extra sportive assez pesante, des études à gérer, des crevaisons sur mes deux principaux objectifs en 2015, pas mal de doutes, on peut dire que j’ai pris un joli creux de vague !

 

Pour le début de notre collaboration fin 2014, on était je pense à des points équivalents de nos développements dans nos domaines respectifs, c’est parti piano piano, on a chacun casser nos certitudes et on peut dire que depuis maintenant 1 an et demi ça tourne plutôt pas mal...

 

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Cette qualification a du te soulager .... tu apprends la nouvelle deux jours avant Edimbourg 70.3, course sur laquelle libéré tu finis sur le podium à arroser de champagne MONSIEUR Andreas Raelert :)

 

Oui c’est sur que le début de saison en étant blessé et en ne marquant pas beaucoup de points a rendu cette qualification un peu stressante alors qu’elle ne devait être qu’une simple formalité fin 2016.

Mais je me suis battu à Aix sur chaque place alors que l’envie de laisser filer était bien présente et au final, ce sont les 100 points qui me permettent de passer au premier cut et de ne pas courir avec la pression du résultat en Ecosse.

 

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Le début de la quète au PR70.3 2017 était très bien lancée avec deux courses prometteuses : à Weymouth ton premier podium en PRO et Bahrain, mais effectivement une blessure au tendon d'Achille vient perturber les deux premières courses de la saison (Aix et Luxembourg)

Une blessure est souvent un moment anxiogène pour un sportif, comment as tu géré cette période ?

 

Oui avec 820 points au ranking fin 2016 et des courses pleines sur mes deux derniers objectifs, c’était un bon palier de franchi. Mais ces résultats on été obtenus dans les deux cas en faisant de bons semi-marathon après des natations et des vélos en retrait.

L’objectif principal de ce début de saison était de progresser surtout dans l’eau et sur deux roues pour me projeter plus sur l’avant de la course. Malgré cela j’ai quand même continué ma progression à pieds et j’ai passé des séances vraiment intéressantes avant de me blesser.

Pour ce qui est de la gestion de la blessure, cela fait partie de la vie du sportif et il faut faire au mieux et ne pas trop cogiter. Même en ne courant peu j’étais quand même confiant sur ma capacité à courir correctement car je l’ai déjà fait dans le passé. Mais cela ne se passe pas comme ça sur des courses internationales qui deviennent de plus en plus denses.

 

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Tu es triathlète professionnel à temps complet depuis l'obtention de ton master Qualité Sécurité Environnement l'an passé, comment s'organise une vie de triathlète professionnel lorsque l'on habite à Rouen à l'année  

 

Je me suis installé à Rouen depuis janvier 2016 pour suivre ma copine qui travaille là bas, je n’y suis pas allé pour son climat ! Mais au final, on se plait énormément en Normandie, la région est magnifique, les gens accueillants, pas pressés et l’herbe y est verte !

 

 Pour ce qui de l’entrainement, je nage avec le club des Vikings de Rouen dans des conditions plus qu’optimales. Les entraineurs ont très bien compris et accepté nos (Arnaud chivot et moi) contraintes et ils savent que l’on doit jongler entre les différentes intensités. Ils nous soutiennent à fond dans nos projets respectifs et cela est très gratifiant. Il y a un super groupe de nageurs et beaucoup de respect mutuel, ils savent que l’on ne vient qu’une fois par jour car nous roulons et courons à côté, et nous de notre côté on sait que les gars, pour la plupart lycéens, s’envoient 7 bornes le matin, lycée toute la journée, et se reprennent 7 pitons le soir, ce qui force le respect !

 

Pour ce qui est du vélo, j’ai investi dans un bon home trainer, et j’ai pris l’habitude de toujours emmener un K-way avec moi.

 

La course à pieds manque un peu de diversité mais j’ai un bon canal qui reste quand même l’arme absolue quand on fait du long.

 

Mais globalement mes journées sont occupées entre entrainements, récupération, kiné quand la machine est enraillée, organisation de stage ou course, et toute la partie sponsoring qui prend un temps fou quand on s’en occupe à fond.

 

J’ai la chance d’être énormément épaulé par ma copine qui me soutient à fond et qui me botte le cul quand il le faut, et que je me fais submerger par une procrastination un peu trop présente.

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Petit à petit, les partenaires sont venus s'ajouter pour t'épauler notamment financièrement dans ton projet. Antoine Glikman alias Tonio La Glike, fondateur de Diploméo et athlète chez Trycoaching, t'est d'une grande aide dans le projet, parle nous de cette collaboration.

 

On peut dire que les partenariats sont d’une importance capitale dans les projets comme le mien, et sans DIPLOMEO, j’aurais tout bonnement arrêté le triathlon fin 2016… Le deal était de me donner un an après la fin de mes études pour passer un palier et débloquer la situation.

 

Le partenariat se passe super bien car Antoine fait maintenant partie intégrante de mon projet et les employés soutiennent la démarche et j’essaye de leur rendre avec mes faibles moyens.

 

Mais il y a aussi le TTC (mon club) et TRIMAX qui me sont d’une très grande aide et sans eux je ne pourrais pas vivre ce que je vis.

A chaque fois, ce qui a primé dans ces relations, bien avant le projet global ou les supposés résultats, c’est de se retrouver autour de valeurs communes et une certaine vision des relations humaines.

 

Pour terminer le panorama complet, Orca, Gu, Cervélo, Mavic à travers le Triathlon Store me fournissent du matériel de qualité, chose indispensable dans un sport ou la dimension matérielle est importante.

 

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Le public triathlétique te connait au final assez peu malgré ta valeur sportive… Je peux affirmer aujourd'hui après 3 ans à te coacher que tu as les qualités de base pour réussir : le travail ne t’effraye pas, tu es patient, persévérant, et tu sais rebondir en cas d'échec, et surtout tu adores ton métier au quotidien... Tout ceci fait partie des bases pour réussir dans un projet à long terme qu'il soit sportif ou entrepreneurial, dis-nous comment tu as appris à gérer avec les années les "moments durs".

 

Tout est une question de contexte pour la valeur sportive et pour ce qui concerne une « notoriété triathlétique », je pense que c’est normal dans le sens ou je n’ai pas encore claqué de grosse course, et il faut ajouter à cela le fait qu’il y ait du monde se bousculant au portillon.

 

Pour ce qui est des qualités pour réussir, j’espère que tu dis vrai. J’ai eu l’énorme chance de côtoyer durant ces dernières années des grands champions comme Bertrand Billard, Etienne Diemunsch, Vincent Luis, Mike Aigroz, Pierre Lecorre, Felix Duchamp ou encore Thomas André. J’ai pu les voir à l’œuvre dans leurs entrainements, dans leur gestion de la vie de tous les jours, ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas pour eux, et à mon échelle, j’essaye de piocher des ingrédients de leurs succès en fonction de mon caractère, mes qualités et mes défauts. Et pour tout cela je leur en suis énormément reconnaissant car ce sont de super types qui n’ont volé aucune ligne de leurs palmarès.

 C’est pour cela aussi que je prends chaque résultat de manière assez relative car la normalité dans les groupes sportifs que j’ai côtoyé, c’était de gagner des titres et des courses internationales.

 

Pour ce qui est des moments durs (et pas forcément que les sportifs), il n’y a pas 36 solutions, soit tu te morfonds et ne fais rien et globalement la situation ne va pas s’améliorer. Soit tu fais au mieux avec la situation, tes capacités et tu vas de l’avant. Mais il ne faut jamais oublier que face à un supposé échec, les gens qui te sont proches seront toujours fiers et bienveillants quoi qu’il arrive.

 

Et le projet Ironman ?

 

On est déjà en plein dans le projet IRONMAN et l’envie est très grande, et cela depuis mes années jeunes.

 

Le plan avant de passer sur 70.3 était de valider certaines choses sur grand prix de D1 (sortir de l’eau groupe principal et se rapprocher des 20 km/h sur la course à pied), et ainsi avoir une certaine base pour espérer performer sur 70.3.

 

Le plan est un peu le même pour le passage entre le 70.3 et l’IM, je dois encore valider certaines choses (surtout en termes de réserve de puissance sur le vélo) avant de me lancer pleinement sur la distance reine.

 

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Pour finir, avec le recul que tu commences à avoir sur ta pratique, quel message pourrais tu donner aux jeunes souvent trop pressés qui voudraient se lancer dans un projet comme le tien ?

 

Difficile de ne pas faire quelque chose de « cliché » mais ne jamais rien lâcher, et toujours faire les choses avec passion et avec réflexion !